L’Homme aux rubans noirs

Bourdon Homme au ruban noir

Bourdon Sébastien

(Montpellier, 1616 – Paris, 1671)                                                                                                                                        

Vers 1657-1658                                                                                                                                                         

Huile sur toile                                                                                                                                                             

108,5 × 89,5 cm

inv. 836.2.1                                                                                                                                                                                                                                

Provenance : Achat de la Ville de Montpellier, 1836.

Historique : sans doute exécuté par Bourdon lors de son second séjour montpelliérain, 1657-1658 ; Montpellier, collection Poitevin de Mezouls ; par héritage, collection Jeanne Gabrielle de Poitevin de Mezouls (1768-1845), veuve Campredon ; acheté à cette dernière par la Ville de Montpellier, par l’intermédiaire de la veuve Borély, 1836, pour 300 fr.

 

LOCALISATION

Chef-d’œuvre du portrait français du XVIIe siècle, le tableau s’est imposé au fil du temps comme l’un des emblèmes forts du musée. Auréolé du prestige de peintre de cour, académicien, Bourdon se rend en 1657 à Montpellier avec l’idée d’y fonder une académie. Il travaille pour le chapitre de la cathédrale (Chute de Simon le Magicien, toujours en place) et pour les consuls de la ville (portrait collectif et portraits individuels, perdus), attisant les jalousies locales. 

Le tableau trouvé dans le Midi par Fabre et brillamment acquis en 1836, un an avant de mourir, se rattache indubitablement à la production de cette période (1657-1658) sans que l’on puisse identifier avec assurance le modèle. Au XIXe siècle, on le désignait comme portrait d’un Espagnol et même de Molière lui-même, présent en Languedoc dans ces mêmes années. 

Bourdon s’en tient ici à la formule du portrait élitiste hérité du Flamand Van Dyck (1599-1641) et campe son personnage avec aisance et sobriété : situé

 

vaguement dans un décor d’extérieur, les bras et les mains calés par une discrète architecture classique, il pose sur le spectateur un regard pénétrant, un rien désabusé. Le teint olivâtre du visage, « les larges yeux noirs, plein d’une lumineuse douceur » (A. Baluffe), la bouche sensuelle, les mèches folâtres de la chevelure, les mains nerveuses, la mise soignée bien caractéristique du temps avec le bouillonnement d’étoffes s’échappant des crevés composent un personnage romantique au charme obsédant, à mi-chemin de l’homme d’action et du savant. 

Rarement le pinceau de Bourdon n’a été aussi assuré et varié, passant d’une pâte fluide et légère à un modelé plus ferme et onctueux, tout en se cantonnant à une palette restreinte de bruns, de blancs lumineux et de noirs profonds. Ce tableau admirablement préservé nous permet d’évoquer l’art de portraitiste de Bourdon, renommé en son temps au même titre que ses contemporains Champaigne (1602-1674), Le Sueur (1616-1655) ou Le Brun (1619-1690).