La naissance du musée : François-Xavier Fabre
D’origine modeste, Fabre reçoit une éducation classique soignée et fréquente les écoles de la Société des beaux-arts qui ouvrent leurs portes en avril 1779.
Il bénéficie du soutien de Philippe Laurent de Joubert, trésorier de la bourse des Etats du Languedoc et grand collectionneur, membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture à Paris.
En 1783, Fabre quitte Montpellier pour Paris et entre dans l’atelier de David, le plus novateur du moment, où une atmosphère d’émulation tenace règne parmi les élèves. Fabre remporte le Grand Prix en 1787 et, après un passage triomphal à Montpellier, gagne la prestigieuse Académie de France à Rome pour parfaire sa formation.
Fabre se montre un élève studieux, parfaitement à l’aise dans l’institution académique mais les événements politiques vont bouleverser une carrière qui commençait sous les meilleurs hospices avec le triomphe au Salon parisien de 1791 de sa Mort d’Abel.
En janvier 1793, Fabre fuit Rome pour Naples au moment où l’Académie est mise à sac lors d’émeutes anti-françaises suscitées par la politique anticléricale de la Convention. Il gagne Florence où règne un climat de paix, plus propice aux arts.
L’ascension de Fabre en Toscane est rapide grâce à sa rencontre et à son amitié avec deux des plus éminents personnages de la ville dont il deviendra l’intime : le poète Vittorio Alfieri et son égérie, Louise de Stolberg, comtesse d’Albany, ancienne épouse du prétendant déchu à la couronne d’Angleterre, Charles Edouard Stuart. C’est en 1776 que la comtesse rencontre Alfieri, issu d’une vieille famille piémontaise.
En butte aux tracasseries d’un mari alcoolique et violent, elle engage une procédure de divorce qui aboutit en 1783. La comtesse et Alfieri s’installent à Paris en 1785. Ils y tiennent un brillant salon littéraire et artistique où se croisent les beaux esprits du temps : Beaumarchais, André Chénier, Mme de Staël, les antiquaires Seroux d’Agincourt et d’Hancarville.
En 1792, devant la tournure dramatique que prennent les événements révolutionnaires, le couple parvient à fuir de justesse Paris et, à la fin de l’année, la comtesse s’installe à Florence au palais Gianfigliazzi, sur les bords de l’Arno.
Fabre, quant à lui, grâce à sa culture et à son entregent, devient rapidement le portraitiste attitré de toute la société brillante et cosmopolite de passage en Toscane. Après 1798, une fois le succès venu, il renonce peu à peu à une carrière parisienne, s’enracine en Toscane et se livre à sa passion de collectionneur qui ira grandissante.
En 1824, il hérite des biens de la comtesse décédée le 29 janvier, et songe à concrétiser son projet de faire don de sa collection à sa ville natale.
Fidèle à sa ville d’origine qui avait favorisé son éducation, Fabre s’adresse au maire de Montpellier le 5 janvier 1825 : « Je possède en Italie un nombre considérable de tableaux anciens et modernes, de livres, estampes, dessins et autres objets d’arts, dont je me propose de faire hommage à la commune de Montpellier […]. J’ai toujours désiré que cette collection ne fut point désunie et j’ai pensé que le meilleur moyen d’assurer son intégrité serait de la consacrer à l’utilité publique. »
Le conseil municipal accepte ce don généreux ainsi que les conditions du donateur, notamment l’obligation de construire un musée pour abriter ses richesses. Un musée est installé dans l’hôtel de Massilian, voisin du collège des jésuites et partiellement remanié par les architectes de la ville sous le regard exigeant de Fabre.
Après l’inauguration, le 3 décembre 1828, il déploie une énergie sans relâche jusqu’à sa mort en 1837 pour parfaire et enrichir l’institution qu’il a créée et qui réunit, outre le musée, une école de dessin et une bibliothèque, riche du fameux fonds d’ouvrages provenant du poète Alfieri.
La réunion de toutes ces richesses en un même lieu devait garantir l’intégrité, le caractère unique et le prestige des collections. Dans l’ensemble, les goûts de Fabre, assez traditionnels, allaient aux écoles d’Italie, de la Renaissance au XVIIe siècle, aux Français du XVIIe siècle (surtout Poussin, son dieu,) et à ses contemporains marqués comme lui par l’esthétique davidienne. Peu porté vers le naturalisme des peintres flamands et hollandais, il s’intéressait cependant aux artistes nordiques auteurs de paysages italiens, qui complétaient avec bonheur le fonds.
À ce panorama venaient s’ajouter les propres tableaux de l’artiste dont plusieurs pièces essentielles couvraient tous les genres : l’histoire, le portrait et le paysage. Conscient des lacunes qui de sa collection, Fabre n’eut de cesse de poursuivre les achats en particulier grâce à la rente de mille francs instituée par le Montpelliérain Jean-Pierre Collot (1774-1852), ancien directeur de la Monnaie de Paris, lui-même collectionneur. À la mort de Fabre, la donation de 1825 fut complétée par un legs comprenant une centaine de tableaux et autant de dessins encadrés ainsi qu’une somme de trente mille francs destinée à construire une galerie nouvelle.
Alessandro Allori
Saint Jean Baptiste dans le désert
Huile sur cuivre
1586
Lodovico Cardi (attribué à)
Ecce homo
Huile sur toile
XVIIe siècle
Carlo Dolci
La Vierge au lys
Huile sur toile
1642
Pietro da Rimini (attribué à
La Dormition de la Vierge
Tempera à l'oeuf et feuille d'or sur bois
Vers 1315 – 1320
Anonyme
Le Martyre de sainte Cécile
Huile sur toile
Vers 1620 - 1625
Raffaello Sanzio dit Raphael
Étude pour La Dispute du Saint Sacrement / Buste d'homme penché en avant
Plume et encre brune
Entre 1508 et 1509
Jusepe de Ribera
Sainte Marie l'Egyptienne
Huile sur toile
1641
Sébastien Bourdon
L'Homme aux rubans noirs
Huile sur toile
Vers 1657 - 1658