Orphée

Redon Orphée

Redon Odilon

(Bordeaux, 1840 - Paris, 1916)
Orphée, Vers 1910,
Huile sur carton
63,3 x 61 cm
Inv. 2009.38.1

 

LOCALISATION

Ce tableau fait partie des dons exceptionnels qui dans les dix dernières années ont enrichi les collections du musée Fabre, notamment le fonds qui annonce la modernité en peinture, au tout début du XXe siècle. Considéré par beaucoup comme le plus grand peintre symboliste français, Odilon Redon a traité à plusieurs reprises le sujet d’Orphée, un des mythes antiques ayant le plus inspiré les artistes aux XIXe et XXe siècles. 


Dans cette représentation comme dans celle appartenant au musée d’Orsay ou celle, datée de 1900-1905, provenant de la collection de Gustave Fayet (coll.part.), le peintre se concentre plus spécifiquement sur la figure du héros mort, suivant fidèlement le récit que lui consacre le poète latin Ovide dans les Métamorphoses. Le format carré de l’œuvre resserre un espace indéterminé sur le motif principal, la tête du héros qui, après avoir subi le démembrement de son corps par des Ménades en furie, flotte, ceinte d’une couronne de lauriers, sur les eaux. 

 

Il émane de cette œuvre tout le mystère et l’onirisme qui caractérisent la production de Redon. Utilisant toutes les potentialités du support en carton, opérant à l’aide de frottages et de recouvrements successifs, conférant à la peinture à l’huile la vivacité du pastel, l’artiste se révèle ici encore coloriste de génie, alors même qu’il ramène le sujet à l’essentiel.

Le caractère épuré de la composition laisse supposer qu’il s’agit de la plus tardive sur le sujet, autour de 1910. Cette date coïncide pour l’artiste avec la commande d’un grand décor intérieur, faite par son ami, également peintre et collectionneur Gustave Fayet, pour une propriété qu’il venait d’acquérir sur ses terres natales, l’abbaye cistercienne de Fontfroide, près de Narbonne. 


Ce tableau a figuré parmi les onze peintures et pastels de l’artiste présentés à la célèbre exposition de l’« Armory Show » qui, ouverte à New York à partir de 1913, demeure l‘étape décisive dans la reconnaissance internationale de l’art moderne. Redon s’y trouvait alors occuper une place de choix entre Cézanne, Van Gogh, Gauguin, Seurat, tous déjà disparus à cette date, et les Nabis, ainsi que Matisse, et Duchamp qui ont ainsi vu en lui un précurseur.