La Lamentation sur le Christ mort

© Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole - photographie Frédéric Jaulmes

SPADA Leonello (Bologne, 1576 - Parme, 1622)

La Lamentation sur le Christ mort

Vers 1610 - 1611

Huile sur toile

H. 120 cm; l. 158 cm (sans cadre)

Achat de la Communauté d'Agglomération de Montpellier, 2012

inv. 2012.10.1

Salle 11

Cet important tableau a fait partie des collections des Chigi, une des plus importantes familles romaines du XVIIe siècle dont est issu le pape Alexandre VII. Une photographie, datée de 1917-1918, montre le tableau dans un des salons du Palazzo Chigi à Rome. Après la cession d’une grande partie des collections et du palais à l’État italien en 1918, le tableau resta propriété familiale, avant d’être acquis par un collectionneur romain. Episode célèbre raconté par les quatre évangélistes, La Lamentation sur le... Christ mort illustre le moment où Jésus, descendu de la croix, est roulé dans un linceul et pleuré par saint Jean, la Vierge, Marie-Madeleine, Nicodème et Joseph d’Arimathie. Ce dernier, disciple en secret de Jésus, avait obtenu de Pilate l’autorisation d’ensevelir le corps. Dans le tableau, Jésus, placé de biais, repose sur l’immense linceul blanc qui recouvre la pierre tombale. Cinq figures sont placées en frise derrière le corps du Christ. Joseph d’Arimathie essuie ses larmes avec un pan de l’ample tissu. La mère de Jésus, impuissante et anéantie, les yeux rougis par les pleurs, se précipite devant le corps de son fils les deux bras largement ouverts. Madeleine, la tête voilée et à demi dissimulée dans l’ombre, assiste à la scène avec une expression compatissante et silencieuse. De grosses larmes matérielles inondent son visage. Jean, au comble du désespoir, se masque le visage à l’aide d’un linge. Nicodème, mentionné par l’Évangile de Jean (19, 39), pointe sa tête par-dessus l’épaule de Joseph d’Arimathie avec une expression bienveillante et attentive. Spada montre qu’il a profondément médité La Mise au tombeau de Caravage installée en 1604 dans la chapelle Vittrice de Santa Maria in Vallicella à Rome, aujourd’hui à la Pinacothèque vaticane. Les différentes réactions des personnages face à la douleur montrent aussi une connaissance de La Mort de la Vierge, vers 1605-1606, destinée à l’origine à l’église Santa Maria in Trastevere et aujourd’hui au Louvre. La position de Nicodème, comme faisant irruption dans le tableau par la droite, fait penser à L’Arrestation du Christ, un des joyaux de la collection Mattei à Rome aujourd’hui à la Galerie nationale de l'Irlande, à Dublin. Le luminisme dramatique, l’austérité de la palette colorée qui joue sur des accords assourdis de jaune, de vert, de gris-bleu, la touche vibrante du fond qui évoque la paroi rocheuse du tombeau, l’expression grave et dépouillée des figures, la simplicité et la monumentalité de la composition sont les signes patents de cette tentation caravagesque et de cette conversion. Sensible à la façon qu’avait Merisi d’actualiser l’historia sacra, Spada n’hésite pas à installer tout près du rebord de toile, presque naïvement, la tête chevelue et ensanglantée du Christ qui resplendit sur la masse immaculée du linceul blanc, lui-même taché de traces de sang, déployé tout près du rebord de la toile.

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