Les rencontres des Amis du musée Fabre

 

(Auditorium du musée Fabre de 18h30 à 20h)

 

Programme 2025

 

Formes et figures de l’étrangeté

 

L'étrangeté est une donnée éminemment relative.  Il n'y a pas d'étrangeté en soi, en dehors d’un contexte social et culturel structuré par des normes. Cette notion couvre un champ assez vaste qui comprend l’extravagant, l’excentrique, le bizarre, l’insolite ou le capricieux. 

 

Les différentes formes d’expressions artistiques ont parfois tenté de représenter l’étrangeté et aussi suscité chez les récepteurs (spectateurs, auditeur, lecteurs…) un sentiment du même ordre. En matière artistique, l’étrangeté peut aussi bien concerner la forme ou le style que les motifs. Elle est susceptible d’appréciations négatives (œuvres monstrueuses, hors normes…) aussi bien que positives (œuvres originales, singulières, provoquant la surprise ou l’émerveillement). 

 

Ces conférences ont pour but d’apporter quelques éclairages sur des « œuvres étranges »

 

Jeudi 16 janvier 2025

Étranges images : art en jeu ou jeux dans l’art ?, par Jean-Paul Spieth, ingénieur, ancien enseignant à l’IUT de Marne-la-Vallée

La surprise peut être un élément important de l’expérience artistique car elle provoque la stupeur, l’émerveillement ou le questionnement. L’étrange a le pouvoir de captiver l’attention, de susciter la curiosité et d’encourager une exploration plus profonde des thèmes et des émotions. Les images étranges peuvent également défier nos attentes et nos perceptions, ouvrant la voie à de nouvelles interprétations et réflexions. En jouant avec l’inconnu et l’inhabituel, les artistes créent des œuvres qui résonnent de manière particulière avec le public. À travers quelques exemples, nous tenterons d’examiner comment, au cours de l’histoire de l’art, les artistes ont utilisé ces images pour susciter des émotions, défier les conventions, critiquer la société, remettre en question ses perceptions, provoquer des réflexions, interroger la réalité et offrir ainsi de nouvelles perspectives aux spectateurs.

 

Jeudi 6 février 2025

L'insolite en médecine vu par les artistes, par Michel Pagès, professeur honoraire à la Faculté de Médecine de Montpellier

Les disgrâces provoquées par la maladie ont toujours fasciné les sociétés et les œuvres des artistes en sont les témoins. Le nanisme est incontestablement l'affection la plus souvent représentée, mais les peintres se sont également intéressés aux infirmes, aux estropiés et aux dysmorphies faciales. Le cas particulier de la maladie mentale et de de ses manifestations sera également envisagé.

 

Jeudi 6 mars 2025

Le corps désarticulé : fragmentation et hybridation dans l’art du XXe siècle, par Maud Marron-Wojewodzki, conservatrice du patrimoine, responsable des collections du milieu XIXe siècle au XXIe siècle au musée Fabre

De l’homme-machine à la fascination surréaliste pour les mannequins inertes, en passant par la mise à mal des corps dans l’art marqué par les horreurs des deux guerres mondiales, cette conférence tentera de mettre en lumière les ressorts formels et visuels de l’étrange dans notre rapport au corps humain.

 

Mercredi 9 avril 2025

Bizarreries du Romantisme noir au musée Fabre, par Matthieu Fantoni, conservateur du patrimoine, responsable du département des collections du XIVe siècle au milieu XIXe siècle au musée Fabre

Reconnu à juste titre pour ses tableaux de Delacroix, Géricault et Ary Scheffer provenant de la collection d’Alfred Bruyas, le fonds du musée Fabre compte également des œuvres d’artistes romantiques bien moins célèbres, comme Jean Adrien Guignet (1816-1854) ou le méridional Xavier Sigalon (1787-1837), dont l’autoportrait entra dans la collection sous une mauvaise attribution à Prud’hon. D’autres peintures aujourd’hui oubliées connurent par le passé une grande visibilité, tel un portrait présumé de Lord Byron autrefois attribué à Géricault, qui fit jusqu’au début du XXe siècle le tour du monde dans de grandes expositions internationales. S’appuyant notamment sur l’apport d’expositions comme l’Ange du bizarre (musée d’Orsay, 2013) et la publication du catalogue de la collection Bruyas, cette présentation proposera une exploration de ces œuvres romantiques oubliées du musée Fabre, leurs rapports aux « sources » tirées de la peinture ancienne réunies par Bruyas et les enrichissements de la collection depuis le XIXe siècle. 

 

Jeudi 22 mai 2025

La ville étrange, par Edouard Aujaleu, professeur agrégé de philosophie, ancien enseignant en classes préparatoires

Durant plusieurs périodes de l’histoire de l’art, les peintres ont représenté les aspects les plus manifestes de l’espace urbain. Lieu des activités sociales et économiques, des fêtes et des cultes, la ville est aussi un espace de célébration ou de contestation de l’ordre politique. Mais en marge de ces vues familières, les artistes ont aussi capté des expériences de l’étrangeté : vide angoissant de lieux désertés, errances labyrinthiques, visions oniriques, architectures fantastiques ou rencontres insolites. De plus, s’agissant des représentations urbaines, on sera attentif au fait que l’évolution du regard esthétique peut transformer ce qui paraissait familier en image étrange, ou réciproquement convertir l’étrange en familier. 

 

Jeudi 5 juin 2025

Étrangetés, bizarreries, caprices… : licence et dépassement de la nature dans le premier maniérisme italien, par Cécile Beuzelin, MCF Université Paul-Valéry Montpellier3/IRCL

Dès le XVIe siècle, le biographe et premier historien de l’art, Giorgio Vasari (1511-1574), qualifie les œuvres de jeunes artistes tels que, Jacopo Pontormo (1494-1557) ou Rosso Fiorentino (1495-1540), d’étranges, bizarres ou capricieuses. Cette critique aura pour effet de classer plus tard ces artistes sous le vocable péjoratif de « maniéristes ». Mais que recouvre ces termes employés à leur égard à la Renaissance ? Qu’en est-il vraiment des intentions de ces jeunes artistes ? Depuis la seconde moitié du XXe siècle, l’histoire de l’art tend à les réhabiliter en s’intéressant notamment aux notions d’écart ou d’expérimentation par rapport aux règles établies dans la Renaissance du XVe siècle. En replaçant ces œuvres dans leur contexte de production historique et culturel, notre intervention se propose de faire le point sur les « étrangetés » d’une production artistique qui aujourd’hui encore reste mal comprise.

 

*Entrée libre dans la limite des places disponibles

 

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