Antoine Valedau et les écoles du nord

Le geste généreux de Fabre crée indéniablement une émulation parmi les amateurs et les collectionneurs : c’est ainsi que le préfet de l’Hérault, le baron Creuzé de Lesser, offrit ses deux marbres de Houdon, l’Eté et l’Hiver, la fameuse Frileuse, pour saluer l’ouverture du musée en 1828. Mais c’est surtout le legs de la collection Valedau en 1836 qui arrive à la hauteur de la donation Fabre. Montpelliérain d’origine installé à Paris, Antoine Joseph Pascal Valedau (1777-1836) se constitue une belle fortune comme fournisseur aux armées de la République avant de devenir agent de change vers le début de l’Empire. 

Dans sa résidence parisienne, située rue Basse-du-Rempart, il installe ses inestimables collections. Les écoles du Nord y prédominent avec le rassemblement de tableaux rares arrachés à un prix souvent élevé.… Mais à côté de cela on trouve plusieurs tableaux français, notamment des Greuze de belle qualité. Le Petit Samuel en prière de Joshua Reynolds est un des premiers exemples de peinture anglaise signalée dans une collection française.  L’amateur apprécie aussi, comme le prouvent ses albums de dessins, les maîtres néoclassiques et romantiques et aime s’entourer de beaux objets d’art, vases grecs, coupes d’albâtre, figurines de marbre, bronzes de la Renaissance et du Grand Siècle. 

Certains de ses achats ont une provenance illustre : La Souricière de Dou est passée entre les mains de Valerius Röver, du Landgrave de Hesse-Cassel et de l’impératrice Joséphine à La Malmaison, les Trois vaches au pâturage de Paulus Potter et L’Enfileuse de perles de Frans van Mieris ont appartenu à Talleyrand, et l’Allégorie religieuse de Rubens a été achetée à Dominique Vivant Denon, directeur du musée Napoléon, l’actuel musée du Louvre.

Selon les propres termes de son testament olographe du 11 février 1836, Valedau offrait ses collections car il désirait pouvoir ainsi s’associer « aux vues bienfaisantes et généreuses du fondateur de ce musée dans [sa] ville natale ». Le « cabinet nordique » de Montpellier devient vite célèbre et tous les chroniqueurs du XIXe siècle ne manquent pas une occasion de le citer en termes louangeurs.

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