Dominique De Beir, accroc & caractère

« Trouer, frapper, frotter, griffer, projeter, inciser, éplucher, brûler, creuser, découper, retourner... Tous les moyens sont bons pour introduire de l'accident dans la méthode, par exemple strier la surface avec une roulette de couturière marchant en arrière, un contrôle relatif dans la gestuelle suscitant des phénomènes inattendus dans le déroulé. Les outils prolongeant le corps sont un facteur déterminant pour la durée de l'action car ici tout est une question de vitesse, de déséquilibre et d'instabilité corporelle ».

Née en 1964 en Picardie maritime, formée à l’École des beaux-arts de Paris, Dominique De Beir élabore depuis les années 1990 une pratique s’intéressant aux accidents et à la fragilité des supports de son œuvre, qu’elle explore inlassablement à l’appui d’outils de sa confection. Le papier, support réactif par excellence, sous une multiplicité de formes, y joue un rôle de premier plan. 

Cette exposition est la dernière d’un cycle intitulé « Accroc et caractère », débuté en 2022 et qui s’est tenu dans six lieux à travers la France. Elle accompagne au musée Fabre la constitution d’un fonds d’œuvres de Dominique De Beir, composé de quatorze pièces. Les grands thèmes qui lui sont chers transparaissent à travers ce cycle : la couleur, le rapport épidermique à la surface, la série, le livre. L’intitulé du projet unit ce qui relève de l’accidentel (l’accroc) au tempérament individuel et à l’univers typographique (le caractère), l’artiste s’attachant tout particulièrement à la rythmique spécifique de l’écriture. 

A Montpellier, Dominique De Beir propose un dialogue avec les collections du musée Fabre, dans lesquelles elle a puisé, sélectionnant des œuvres d’artistes se rapportant à son histoire et sa pratique. Toute une génération défendue par la galerie Jean Fournier, qui ferme ses portes en 2024, y est présente : dans l’atrium, ses œuvres se confrontent ainsi à celles de Simon Hantaï, Judit Reigl ou encore Michel Parmentier.

L’exposition se poursuit au 1^er étage du musée, salles 49 à 52.